TDAH : la proprioception est-elle une pièce manquante du puzzle ?

9.03.2024

ARTICLE SOURCE https://www.institut.neurosens.fr/blog/les-troubles-visuels-chez-l-enfant-tdah.html

« TDAH : la proprioception est-elle une pièce manquante du puzzle ? »

La proprioception, grâce à ses trente millions de capteurs sensoriels disséminés dans le corps humain est ce sens par lequel s’organise le tonus musculaire postural pour réaliser les mouvements désirés.

Elle constitue le premier des 5 piliers du concept neuro psychophysiologique sur lequel se fonde l’approche globale pour l’éducation et la santé proposée en neurothérapie.

 

 

La proprioception oculaire contribue avec les informations rétiniennes à la vision.

Or, de nombreuses personnes atteintes de TDAH éprouvent des difficultés visuelles. Ces dernières peuvent aggraver leurs problèmes d’attention au quotidien.

Les types de troubles visuels rencontrés par les individus souffrant de TDAH, sont, notamment :

  • l’astigmatisme,
  • l’hypermétropie,
  • le strabisme, ainsi que
  • des problèmes de vision non spécifiés et/ou auto-déclarés,
  • une réduction du point de convergence proche,
  • des retards et des variabilités de la réponse accommodative.

Ces résultats soulignent l’importance de réaliser un bilan orthoptique presque systématiquement chez les patients atteints de TDAH. Non seulement pour établir un diagnostic différentiel, mais aussi pour améliorer leur qualité de vie.

Il est important d’envisager cet examen de manière systématique avant de procéder à des évaluations cognitives.

En effet, étant donné que les troubles visuels peuvent directement influencer les performances lors des évaluations, il est essentiel de prendre en compte ces facteurs pour éviter des interprétations erronées des capacités d’un patient.

TROUBLES VISUELS ET MOTRICITÉ OCULAIRE

Il est primordial d’identifier et de traiter les troubles de la motricité oculaire chez les enfants, les adolescents et les adultes présentant des signes d’inattention ou de faibles performances académiques ou professionnelles.

En effet, une association significative a été observée entre le TDA et les troubles visuels de convergence. Ils affectent jusqu’à 16 % des cas.

Le déficit de convergence de la vision rend la lecture particulièrement ardue pour ces individus, compromettant leur capacité à suivre les tâches scolaires et leur intégration sociale.

Les troubles de la motilité oculaire, tels que la phorie, peuvent également être fréquents chez les personnes atteintes de TDA. En particulier lorsqu’elles sont soumises à des situations de stress ou de fatigue. Ces troubles visuels entravent encore davantage les activités d’apprentissage et peuvent contribuer aux difficultés de concentration.

DIFFICULTÉS D’ORIENTATION SPATIALE

Les troubles visuels les plus courants observés chez les individus atteints de TDA/H incluent des difficultés d’orientation spatiale. Cela se traduit par une incapacité à repérer des objets ou des personnes dans leur champ visuel.

Ils peuvent également éprouver des difficultés à fixer et suivre des objets en mouvement. Cela peut compliquer des activités telles que la lecture, l’écriture et même la conduite.

Ces difficultés de concentration visuelle peuvent contribuer à des niveaux plus élevés de distraction et d’hyperactivité, caractéristiques du TDA/H.

Une évaluation régulière de la vision chez les patients TDA/H est donc essentielle. Elle sert à identifier et traiter les troubles visuels sous-jacents. Notamment parce que ces derniers pourraient aggraver les symptômes du trouble.

QUAND LA PROPRIOCEPTION ET L’ATTENTION S’EN MÊLENT !

LA PROPRIOCEPTION

La proprioception est souvent décrite comme le « sixième sens ». En effet, elle est fondamentale à notre perception de nous-mêmes et de notre environnement. Et ce, bien qu’elle soit moins connue que les cinq sens traditionnels. Elle peut être vue comme la « mère de nos sens » en raison de son rôle primordial dans la coordination et la régulation de tous les autres sens et mouvements.

Le sens du mouvement (Pr Alain BERTOZ)

DÉFINITION

La proprioception est le sens qui nous informe de la position relative de nos parties du corps, de leurs mouvements, et de la force appliquée par nos muscles. C’est une forme de perception sensorielle qui permet au cerveau de connaître la position de chaque partie du corps dans l’espace sans avoir à la regarder. Cela inclut la capacité de détecter des changements dans la position corporelle, la tension et la force musculaire, et le sens de l’équilibre.

Ce sens proprioceptif est rendu possible grâce à une série de récepteurs. Ces derniers se situent dans nos muscles, nos tendons, nos ligaments, et nos articulations. Ces récepteurs ont le nom de mécanorécepteurs. Ils comprennent les fuseaux neuromusculaires et les organes tendineux de Golgi. Ces derniers envoient des informations au système nerveux central sur la position et le mouvement du corps.

POURQUOI LA PROPRIOCEPTION EST-ELLE LA « MÈRE DE NOS SENS » ?

La proprioception est la « mère de nos sens ». En effet, elle est essentielle à la réalisation de pratiquement toutes les actions motrices. Sans elle, des tâches simples comme marcher, toucher son nez du bout du doigt, ou même tenir une fourchette deviennent difficiles, voire impossibles. Elle joue un rôle crucial dans la coordination des mouvements volontaires, l’équilibre, le réflexe de posture, et la locomotion.

De plus, la proprioception contribue à l’harmonisation des informations sensorielles provenant de la vue, de l’ouïe, du toucher, du goût et de l’odorat. Elle permet une interaction fluide et adaptée avec l’environnement. Elle est également indispensable pour l’apprentissage de nouvelles compétences motrices, comme jouer d’un instrument de musique ou pratiquer un sport.

En résumé, la proprioception est un système de feedback interne qui permet au corps de fonctionner comme une unité cohérente. Elle facilite ainsi l’intégration des autres sens et soutenant la capacité à interagir avec le monde de manière significative et compétente.

LECTURE ET PROPRIOCEPTION

La lecture ne se limite pas à la reconnaissance des symboles perçus par la vision – lettres et mots – et à leur association avec les sons correspondants. Elle implique également une série de mouvements oculaires précis.

Comprendre le texte écrit va au-delà de la simple reconnaissance des mots ; cela requiert une construction cognitive complexe. Avoir une bonne vue est nécessaire, mais insuffisante pour une lecture efficace. Le cerveau doit coordonner les mouvements oculaires avec une précision remarquable. Pour cela, il a besoin d’être constamment informé de la position de la rétine dans l’espace. Cette information cruciale est fournie par la proprioception.

Lire implique la capacité de focaliser nettement sur un point et d’exécuter des saccades oculaires fluides et précises pour que le regard se pose exactement sur le « centre de gravité » du mot à décoder.

002 troubles visuels et perception des mots

Capture d’écran extraite de YouTube : Orthophonie 94

Les six muscles oculomoteurs jouent un rôle clé dans la coordination de ces mouvements minutieux. Ils transmettent au cerveau, par le biais de la proprioception, des données sur la tension musculaire, qui à son tour détermine la position des yeux dans leurs orbites.

003 troubles visuels et muscles oculo-moteurLe Professeur JP Roll du CNRS souligne l’importance de cette connaissance précise de la position des yeux et de la rétine pour un mouvement oculaire exact et efficace pendant la lecture. C’est une compétence directement influencée par la proprioception des muscles oculaires.

000 troubles visuels et lecture

L’ATTENTION

DÉFINITION

L’attention est le processus central impliqué dans le contrôle et l’exécution de nos actions. Elle consiste à sélectionner des informations sensorielles et des processus mentaux pour structurer nos actions futures. Ce concept est essentiel dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne, de l’apprentissage à la prise de décision pour élaborer des plans d’action.

Certains auteurs associent l’attention à la notion de « surveillance ». Cette dernière est un premier niveau d’attention.

Pour d’autres, ces concepts diffèrent, la surveillance étant plutôt temporelle tandis que l’attention est spatiale.

On assimile souvent la vigilance à l’éveil. Elle se caractérise par la mobilisation de ressources pour l’attention et la préparation des structures neuronales à traiter des actions spécifiques.

Par exemple, lorsque nous attendons à un feu rouge en voiture, notre cerveau est vigilant et réceptif à un changement de couleur. Il mobilise notre système perceptif visuel pour détecter le passage au vert.

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ATTENTION

Dans la neurophysiologie, on identifie différents types d’attention :

  • Attention focalisée : Diriger les sens vers une seule source, focalisant notre perception sur un élément spécifique. Ce processus émerge en premier dans le développement.
  • Attention soutenue : Maintenir la concentration sur une activité pendant une période prolongée, souvent sur plusieurs minutes. C’est un niveau d’attention qui se développe ensuite chez l’enfant.
  • Attention sélective : Choisir certains stimuli dans un environnement avec plusieurs distractions, en écartant les éléments non pertinents. Cruciale pour l’apprentissage, elle permet de se concentrer sur ce qui importe.
  • Attention partagée : Être efficace dans la perception de deux stimuli différents simultanément.
    Alternance d’attention : Passer d’une tâche à l’autre sans confusion tout en maintenant un niveau d’efficacité constant.
  • Attention exécutive : Contrôler nos processus cognitifs, notamment dans la prise de décision, la détection d’erreurs et l’inhibition des réponses automatiques. Elle représente le stade le plus avancé de l’attention dans le développement cognitif.

004 types dattentionÉVALUATION ET ENTRAÎNEMENT DES FONCTIONS CÉRÉBRALES PAR NEUROFEEDBACK EEGQ

EVALUATION EEGQ

L’évaluation des fonctions cérébrales par Neurofeedback EEGq représente une méthode innovante pour comprendre les liens entre les fonctions de l’attention et les troubles visuels liés au TDA/H.

Cette approche vise à mesurer et réguler l’activité cérébrale. L’objectif est d’améliorer entre autres l’attention, la concentration, l’auto-régulation émotionnelle ainsi que les fonctions motrices et proprioceptives.

L’EEGq (électroencéphalographie quantitative) permet de mesurer les fluctuations électriques du cerveau, offrant ainsi des informations chiffrées sur son fonctionnement.

L’évaluation commence par la réalisation d’un EEGq au cours duquel les signaux électriques du cerveau sont enregistrés. Ils sont ensuite transmis à une base de données normatives. Ils sont comparés à des données “normales” de personnes correspondant au même profil (âge, sexe..).

Le résultat obtenu est représenté sous forme de cartographie cérébrale en couleurs. Elle permet d’avoir un aperçu des zones cérébrales dont l’activité est “normale”, “modérée”, “trop lente” ou “suractivée”.

005 EEG quantitatif

EEG quantitatif

Plus les données s’écartent de la norme, plus les couleurs sont foncées. Le vert correspond à la norme, le bleu clair à foncé à une carence et le jaune, orange à rouge à un excès.

Ces données sont ensuite analysées pour identifier les schémas d’activité cérébrale associés au TDA/H, ainsi que les schémas liés à l’auto-régulation émotionnelle.

Les schémas d’activité cérébrale perturbés sont identifiés. Un protocole personnalisé est alors mis en place pour pallier les difficultés rencontrées au quotidien. L’entraînement par neurofeedback peut être initié.

ENTRAÎNEMENT ET MÉCANISMES D’APPRENTISSAGE

Les séances de Neurofeedback EEGq sont conçues pour renforcer les schémas d’activité cérébrale bénéfiques. Ils réduisent simultanément ceux associés aux symptômes du TDA/H, aux troubles visuo-moteurs et aux difficultés d’auto-régulation émotionnelle. Ces séances régulières permettent de fournir en temps réel un retour auditif et visuel sur l’activité du cerveau afin de s’entraîner à effectuer différentes tâches cognitives et émotionnelles tout en restant calme sur le plan moteur. L’objectif étant d’inhiber l’activité cérébrale des zones rapides en excès et de renforcer celle des zones lentes en carence.

La personne apprend ainsi à moduler son activité cérébrale pour atteindre des états mentaux plus adaptatifs, y compris une meilleure régulation émotionnelle.

L’ÉDUCATION PROPRIOCEPTIVE

Des exercices posturaux et visuo-moteurs quotidiens associés à l’entraînement cérébral complètent l’approche globale en neurothérapie.

Ces exercices facilitent l’intégration visuo-proprioceptive pour la perception et le contrôle de l’orientation spatiale.

006 troubles visuels et perception de l'espace
007 troubles visuels périphériques

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