Une illusion optique qui permet de mieux comprendre la vision

4.08.2022
Un cercle ovale noir sur un fond blanc.

Le « trou en expansion » du Pr Akiyoshi Kitaoka de l’Université Ritsumeikan. Il est préférable de visualiser l’image en plein écran pour obtenir cet effet.  Photo : Université Ritsumeikan/Akiyoshi Kitaoka

Une nouvelle illusion optique mise au point par un neuropsychologue japonais donne l’impression de tomber dans un trou noir, mais permet aussi de mieux comprendre la vision humaine.

L’illustration surnommée le trou en expansion a été créée par le Pr Akiyoshi Kitaoka de l’Université Ritsumeikan, au Japon. Il s’agit d’une image complètement statique montrant une forme ovale noire diffuse sur un fond blanc au milieu de plus petites formes du même type.

La tache et le gradient d’ombre autour d’elle évoquent une impression de flux optique, comme si l’observateur se dirigeait vers un trou ou un tunnel.

Akiyoshi Kitaoka

 

La pupille trompée

Le Pr Kitaoka s’est associé avec des scientifiques norvégiens de l’Université d’Oslo pour étudier les effets de son illustration sur la vision de 50 participants âgés de 18 à 40 ans ayant une vue normale.

Premier constat : 86 % des participants qui regardent l’image ont l’impression que le cercle grossit et engloutit son environnement.

Les chercheurs ont aussi découvert que l’illusion affecte la pupille, le petit cercle noir au milieu de l’œil qui régule la quantité de lumière dirigée vers la rétine. Leurs expériences montrent que les pupilles se dilatent lorsque les yeux se concentrent sur l’image du trou noir.

L’image du trou en expansion donne aux yeux l’impression qu’il s’agrandit et que l’obscurité augmente aux alentours, notent les auteurs, dont les travaux sont publiés dans la revue Frontiers in Human Neuroscience (en anglais). Cette fausse perception mène à la dilatation de la pupille, alors qu’aucun changement lié à la lumière ne s’est produit en réalité.

Selon le neuropsychologue Bruno Laeng, de l’Université d’Oslo, cette expérience tend à montrer que le réflexe pupillaire à la lumière n’est pas uniquement mécanique et qu’il n’est pas imperméable à d’autres informations que la quantité réelle de lumière stimulant les photorécepteurs. L’œil s’adapterait non seulement à l’énergie physique, mais aussi à la lumière perçue.

Dans son expérience, l’équipe a aussi varié la taille et la couleur de la tache.

Lorsque la tache est colorée (y compris le blanc), c’est-à-dire qu’elle émet de la lumière, son observation rétrécit les pupilles, mais l’expansion subjective est aussi moins intense que celle que l’on perçoit avec une tache noire.

Il existe de nombreuses images optiques qui suggèrent une idée de mouvement illusoire, bien qu’elles soient complètement statiques.

Ces faux mouvements sont, notamment, des changements de forme ou d’espace, comme la rotation, l’oscillation, l’ondulation, le flottement, la contraction ou, dans le cas présent, l’expansion.